Il faut ouvrir toutes les fenêtres possibles pour dissiper l'odeur de moisi qui stagne sur la France comme un mauvais smog
Il faut ouvrir toutes les fenêtres possibles pour dissiper l'odeur de moisi qui stagne sur la France comme un mauvais smog.
Municipales, Européennes, chute de popularité de François Hollande, résultats plus que médiocre des écolos et de la gauche de la gauche, persistance du chômage et en plus il ne fait pas beau. On serait tenté de paniquer à moins que cela. Et certains paniquent.
Je crois au contraire que c’est dans ces moments là qu’il faut prendre un peu de recul et essayer d’analyser ce qui nous arrive.
Ce qui arrive à ce gouvernement et à ce président et à travers eux à leurs soutiens c’est qu’ils font preuve de courage. Ils font ce qui aurait du être fait depuis 10 ans voire même beaucoup plus (2008 ? 2001? 1993? 1983 ? 1975 ?).
C’est prendre à bras le corps la crise, et faire les réformes essentielles pour faire entrer notre pays dans la modernité et la stabilité. En effet les crises et les bulles (immobilières, informatiques) se sont succédées issues à chaque fois de la mauvaise résolution de la crise précédente.
Ces crises liées aux dérèglements et à la déréglementation de la finance mondiale, à la mondialisation inévitable mais refusée, à l’émergence des plus gros pays de la planète qui sont à terme une chance pour le monde entier, mais qui dans cette période de transition déstabilise nos vieux pays riches, ces crises donc, n’ont pas été comprises par les populations de nos pays. En France la tradition d’affrontement entre une gauche idéaliste et quelque fois passéiste et une droite sectaire et quelques fois un peu moisie et xénophobe ont entraîné un blocage du progrès et de la mise en place des structures nécessaires à l’adaptation de notre nays en Europe et dans le monde.
Concernant l’Europe le basculement à eu lieu lors du traité d’Athènes en 2003 qui accepté que 10 pays de l’est-européen tout jusque sortis de l’orbite soviétique rejoignent l’Union Européenne. Cette décision justifiée sur le plan symbolique et géopolitique a eu pour conséquence de créer de graves distorsions de concurrence économiques et sociales au sein même de l’Union.
C’est à ce moment là que l’Union a perdu sa vocation protectrice et chemin faisant la confiance de ses habitants, d’autant que ces adhésions ont été imposées aux peuples européens par les dirigeants d’alors sans concertation et sans référendum.
Dumping social, économique et fiscal à l’intérieur de l’Europe, concurrence effrénée à l’extérieur ont fait monter un chômage que rien ne semble pouvoir arrêter.
La crise mondiale de 2008 du surendettement des états, des entreprises et des particuliers n’est rien d’autre que la conclusion de cet enchaînement de crises.
A ce stade on peut dire et faire ce que l’on veut, au bout du compte les faits seront têtus : avant d’envisager n’importe quelle forme de relance, il faut que les états, les entreprises et les particuliers réduisent leurs dettes pour se redonner des marges de manœuvre.
Comment accepter que le remboursement de la dette de la France soit supérieur au budget de l’éducation nationale ? Comment accepter que ce remboursement nous empêche de faire les investissements dans l’innovation, la recherche et les grands travaux nécessaires à notre développement ?
Mais comment faire aussi pour que ce remboursement nécessaire, ne casse pas la croissance, n’augmente pas le chômage, ne frappe trop fortement les contribuables français ? Comment assurer un service public de qualité fierté de nos démocraties européennes, sans augmenter sans limite la part des prélèvements dans le PIB ? Comment réformer, simplifier, adapter, moderniser le service public, le pays sans se heurter aux corporatismes et aux lobbys de tous bords.
On pourra convenir que la manœuvre est plus que délicate.
Elle l’aurait été autant pour Sarko, que pour Mélanchon ou Marine le Pen. Manque de chance les électeurs ont choisi François Hollande et le PS. Cela n’est pas la première fois que la gauche est obligée de procéder aux restructurations nécessaires. Il suffit de se rappeler les restructurations dans la sidérurgie ou dans l’automobile dans les années 1980, restructurations qui leurs ont permis de survivre pendant 30 ans pour le moins.
Ce qui complique encore la tâche de la France, c’est que nous avons un personnel politique autant à droite qu’à gauche, qui dans sa majorité manque de courage politique, et de vision.
Soumis à la dictature des médias télévisuels, issus du même moule, ils ne sont plus que dans la posture et le positionnement. Ils sont contre, systématiquement, quelque soit la mesure ou la loi proposée. C’était vrai du temps de Sarkozy cela le reste sous Hollande.
Il est donc impossible de constituer une majorité stable d’idées ou de projets permettant d’avoir une continuité dans l’action. De ce fait toute pédagogie en direction des citoyens français est impossible. Bombardés d’informations contradictoires à un rythme de plus en plus rapide, nos concitoyens sont tentés par les explications simplistes et radicales, par le repli sur soi, sur sa famille, sa religion, son club de foot.
Dans le cas de François Hollande la tâche est encore plus compliquée. Il trace une voie sociale-démocrate, passant par la négociation et le contrat (entre le patronat, l’état et les syndicats de travailleurs par exemple). Cette voie sociale-démocrate est à l’œuvre dans la plupart des pays qui ont réussi à s’adapter à la mondialisation, en Europe du nord notamment.
En France ce n’est pas la culture d’une certaine gauche au sein du PS comme de l’extrême gauche qui considère que tout accord avec le patronat est un cadeau inacceptable fait à l’ennemi de classe. Ce n’est pas non plus la culture de la droite, soutien traditionnel du même patronat, qui considère que les syndicats, les salariés et les fonctionnaires sont toujours trop nombreux, trop payés et que les efforts de réductions des dépenses publiques ne sont jamais suffisants.
Il n’est donc pas étonnant que François Hollande et les sociaux démocrates se retrouvent pris entre deux feux.
Il n’y a pourtant pas d’autres solutions que la négociation et le consensus pour sortir de cette crise.
C’est pour cela que François Hollande et Manuel Valls n’ont d’autre choix que de continuer dans le chemin qu’ils se sont fixés. Nous sortirons de la crise à cette condition. Il ne reste plus qu’à espérer que cela se fera avant 2017. Sinon nous repasserons le Mistigri à la droite, à Mélanchon ou à Le Pen.
Un dernier mot enfin sur ce qui me paraît la plus grande erreur de l’équipe Hollande : c’est de s‘être trop cantonné au seul aspect économique et social. La France est un pays en crise mais cela reste un pays riche, un pays aux multiples atouts, avec des habitants bien intégrés en majorité, avec un niveau de vie dans les plus hauts de la planète.
On l’oublie trop souvent. S’il faut penser aux plus pauvres, protéger notre économie, régler le problème du chômage, il faut aussi parler aux 90 % qui n’y sont pas, il faut aussi faire avancer les droits des citoyens comme nous l’avons fait avec le mariage pour tous, il faut parler à la jeunesse, il faut encourager la Culture sous toutes ses formes, créer plus d’espace de démocratie (participative), de pédagogie. Il faut rapprocher les collectivités des citoyens. Simplifier le mille feuille administratif, il faut développer des projets qui rassemblent les français, les européens comme Erasmus a pu le faire.
Il faut rapprocher la démocratie effective des citoyens, cela passe par un statut de l’élu qui permettrait à chaque français de pouvoir prendre le risque d’être élu à un mandat, dès lors qu’il n’est ni fonctionnaire, ni membre d’une profession libérale. Il faut ouvrir les partis à leurs sympathisants en généralisant le système des primaires moment de débats et de choix, il faut aussi systématiser le non cumul des mandats et il faut encore plus lutter contre les conflits d’intérêts qui se multiplient entre élus, hauts fonctionnaires et dirigeants d’entreprises souvent issus des mêmes réseaux et des mêmes écoles.
Il faut en fait ouvrir au maximum toutes les fenêtres pour dissiper l’odeur de moisi qui stagne sur la France comme un mauvais smog.
On peut, on doit y arriver.